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Un amour de geek

Luc Blanvillain

Plon

  • Conseillé par
    6 décembre 2011

    Imaginez que vous broyez du gris et pas qu’un peu, imaginez que vous êtes à deux doigts d’hurler à l’ulcère à l’estomac tant les problèmes s’accumulent. Pas terrible comme ambiance me direz-vous. Et là, j’ai une super arme anti-morosité et anti-grisaille ! Oui, tadam, ce livre !

    Thomas est un geek. Un vrai, un dur et un pur. Ce lycéen a les yeux qui s’illuminent à l’idée de cracker un mot de passe. Mais surtout son bonheur est de jouer des heures durant derrière son écran d’ordinateur avec des amis virtuels. Mais, voilà que l’amour pointe son nez en la personne d’Esther qui est une passionnée de nature. Elle demande à Thomas de se passer pendant un mois de toute forme de vie virtuelle pour lui prouver qu’elle peut avoir confiance en lui. Vivre quelques jours sans ordi, retrouver la vraie vie et accorder par la même occasion plus d’attention à ses semblables. Voilà qui ne devrait pas poser de problème…

    Non seulement ce livre m’a fait sourire mais il m’a fait glousser de bonheur! O joie ! Il démarre sur les chapeaux de roue, on ne s’ennuie pas une seule seconde mais en plus, il nous égratigne tous un peu au passage( aïe). Dans la famille Poupinel, le père tient un blog ( tiens donc), la mère papote avec ses copines et achète sur le net. Et pour Pauline la sœur de Thomas qui est au collège, facebook n'a plus aucun secret. Après le dîner, chacun a donc une excuse ou un prétexte pour se réfugier derrière l’ordi s’il le désire.

    Résolument contemporain, de l’humour décliné pour ados et adultes, une écriture qui accroche et j’ai dévoré ce roman ! A mettre entre toutes les mains que l’on soit un peu, beaucoup, incorrigiblement geek ou non !
    Assez parlé, je vous laisse vous le plaisir de découvrir tout ce qui attend Thomas.


  • Conseillé par
    11 octobre 2011

    drôle et touchant

    Ce roman démarre sur les chapeaux de roue. A la page 12, je gloussais. Quelques pages plus loin, j'éclatais carrément de rire car les dialogues sont enlevés. Comme dans Crimes et Jeans Slims, les deux personnages principaux, une soeur et un frère, sont très attachants. J'ai un faible pour Pauline, la petite soeur drôlement débrouillarde. Quand à Esther, l'amoureuse de Thomas, elle était genre pulls à fleurs. Il avait essayé de définir son style au début. Sa chevelure noire lui donnait un air gothique, aussitôt contredit par ses robes à la Laura Ingalls de La Petite Maison dans la prairie, et ses boucles d'oreilles où voletaient des papillons en verre soufflé. Elle avait du bol d'être over belle. La même en moche, on lui aurait direct écrit "victime" au marqueur sur le front. Et les descriptions qu'en fait Thomas font mouche à chaque fois car elles sont toujours décalées. En plus de l'humour, Luc Blanvillain a le sens de la formule: Esther était donc de ces personnes qui se réfugient dans la réalité. L'ado et l'adulte timide que je fus s'est reconnue dans les phrases si justes sur le rougissement, un fardeau parfois bien lourd à porter, surtout quand on est jeune prof.

    Ce roman fait aussi part de la nostalgie du temps d'avant: Il était loin, le bon vieux temps du Moyen-Âge, où les membres de la famille se serraient les uns contre les autres, dans la lumière tremblotante de la télévision. Là encore, nous sommes dans le décalage: c'est la télé qui devient le symbole du bon vieux temps. Mais on comprend vite que le problème, ce n'est pas vraiment l'ordi ou l'ipod. Le problème, c'est plutôt que si Thomas et Esther sont les représentants de l'amour courtois, M. et me Poupinel sont les équivalents de M. et Mme Bovary. Lui, un peu (beaucoup?) égoïste et pataud, elle, recherchant ailleurs des grands frissons. Le coeur du problème familial est là. Et aussi dans le fait que , parce que les enfants ont grandi, on ne prend plus le temps d'être ensemble. Je n'aime pas Mme Bovary, pas l'oeuvre mais le personnage. Je n'ai pas non plus aimé Mme Poupinel (par contre, j'adore prononcer ce nom) et d'ailleurs, une phrase, la plus belle du roman à mes yeux, a déchiré mon coeur de mère:

    Il se souviendra toujours de la fois où maman lui avait offert ses premières Nike. Il avait voulu lui sauter au coup, tellement il était content. Elle l'avait repoussé gentiment en disant: "Tu es grand maintenant. Tu as... tu as de trop grands pieds". A partir de quelle pointure les garçons ne peuvent-ils plus sauter au cou de leur mère?

    Je me retiens pour ne pas trop citer ce roman, histoire de ne pas gâcher votre plaisir mais je suis prête à parier que vous ou votre ado allez tour à tour rire et vous attendrir. Je vous laisse aussi découvrir ce que M. Poupinel a retenu de Madame Bovary. On retrouve ici nos craintes de parents (et si les ondes étaient mauvaises pour nos enfants?), mais on se remet aussi en cause: qui est le plus accro à l'ordi, nos enfants ou nous? Malgré la couverture, belle mais girly, ce roman est parfait pour les garçons et les filles.