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Vingt et un, n° 14, Nos meilleurs vieux
EAN13
9782356380333
ISBN
978-2-35638-033-3
Éditeur
XXI
Date de publication
Collection
Revues
Nombre de pages
210
Dimensions
30 x 20 x 1,4 cm
Poids
652 g
Langue
français
Code dewey
301
Fiches UNIMARC
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Vingt et un, n° 14

Nos meilleurs vieux

Xxi

Revues

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L’édito du numéro 14

Lorsque nous avons inauguré la page « Courrier », nous imaginions que les lecteurs de XXI réagiraient aux récits que nous leur proposerions à la manière des fidèles des revues américaines, The New Yorker, The Atlantic Monthly ou Harper’s. Ces titres prestigieux, installés de longue date et qui accordent depuis toujours une large place au grand reportage, consacrent en effet plusieurs pages, en tête de chaque numéro, à la controverse et aux précisions des lecteurs. Sur n’importe quel sujet, il se trouve toujours un ingénieur du Minnesota, une traductrice d’Honolulu ou un expatrié de Bangkok pour apporter son grain de sel, son savoir sur les sujets les plus techniques ou son point de vue, particulièrement argumenté.

Au bout de quelques jours de présence en librairie, nous avons été submergés par un courrier du cœur, qui nous a surpris par son ampleur et ses infinies variations. Comment nier notre émotion ? Votre adhésion était à la fois si inattendue et si espérée ! Nous pensions que ce flux allait se tarir une fois l’effervescence du lancement passée. Nous avions tort.

Vos déclarations étaient si nombreuses qu’elles ont fini par nous embarrasser. XXI se construit dans l’artisanat et, certains jours, sur le fil du rasoir. Nous savons que votre revue n’est pas parfaite, que nous pouvons toujours faire mieux. Notre gêne a été accrue par le soupçon de ne publier que les éloges. Quelques libraires ronchons, des confrères moqueurs et même des lecteurs sourcilleux, n’en croyaient pas leurs yeux.

Alors nous avons lancé la chasse à la critique. Lorsqu’un spécimen arrivait, il faisait aussitôt le tour des boîtes e-mail, ce nouveau nom du téléphone arabe. Il nous était transféré avec des commentaires vengeurs : « Enfin ! », « Et toc ! ». La vie en entreprise développe, on le sait, l’esprit taquin.

A chaque fois, nous avons publié en bonne place ces courriers courroucés ou agressifs. Régulièrement, nous avons lancé plusieurs appels publics à ceux d’entre vous qui pourraient nous éclairer de leur expérience ou de leur science d’un numéro à l’autre, pour prolonger les récits. Mais rien n’y a fait. Vous avez continué à écrire avec le cœur.

Vos déclarations arrivent chaque jour. Comme la marée, il y a des amplitudes modérées et des marées d’équinoxe. Ce trimestre, elles sont si nombreuses et si étonnantes, que nous en publions quatre pages. « Après ça, il vous sera difficile de vous plaindre ! » Effectivement.

A la réflexion, il nous semble que ces courriers ne s’adressent pas à nous. A travers votre adhésion à ce titre, votre histoire avec XXI, les liens que vous tissez avec les auteurs, les libraires, les autres lecteurs de cette revue, vous nous parlez avant tout de ce que vous êtes et de ce qui vous anime, de votre regard et de votre idéal.

En vous lisant, il nous est revenu en mémoire un éditorial d’Albert Camus, en une du quotidien Combat, le 31 août 1944 : « La tâche de chacun de nous est de bien penser ce qu’il se propose de dire, de modeler peu à peu l’esprit du journal qui est le sien, d’écrire attentivement et de ne jamais perdre cette immense nécessité où nous sommes de redonner à un pays sa voix profonde. Si nous faisons que cette voix demeure celle de l’énergie plutôt que celle de la haine, de la fière objectivité et non de la rhétorique, de l’humanité plutôt que de la médiocrité, alors beaucoup de choses seront sauvées et nous n’aurons pas démérité. » L’éditorial était titré « Critique de la nouvelle presse ».

Redonner la voix profonde des lecteurs, respecter leur souci d’énergie, d’objectivité et d’humanité. Ces mots résonnent avec les vôtres. Nous les faisons ceux de XXI.

Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry
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