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Le Bruit des tuiles

Thomas Giraud

Contre-Allée

  • Conseillé par (Libraire)
    30 novembre 2020

    Nouveau départ

    " Mais maintenant qu'il écoute Considerant avec sa voix tendue, ses gestes qui construisent l'invisible, bâtissent sur du sable des choses dont rien ne dit qu'elles vont tenir, c'est sûr, il va partir. Il n'entend rien de ce que l'on aurait pu lui dire pour le raisonner. "

    Au milieu du XIXeme siècle, Victor Considerant, polytechnicien et disciple du philosophe Charles Fourier, parcourt la France afin de recruter des colons pour son grand projet.
    Ce sera Réunion, une utopie communautaire inspirée des phalanstères de Fourier, installée près du village de Dallas, au Texas, sur les terres soit-disant vierges et opulentes du Nouveau Monde.

    Cinq ans plus tard il ne restera que des ruines de cette belle idée qui devaient révolutionner la manière dont les hommes allaient vivre et travailler ensemble.

    Dans ce troisième roman encore une fois minutieusement documenté, Thomas Giraud imagine grâce aux interstices de l'Histoire ce qu'à pu être la vie de ces colons pendant cinq ans.

    Il y a bien sûr Victor Considerant, l'inflexible architecte de papier aimant plus que tout son projet, au point de refuser tout espèce d'accommodements malgré les difficultés qui s'amoncellent.
    Il y aussi Leroux, le terrien flegmatique et rêveur, pour qui la venue à Réunion est en soi une réussite, ayant pu s'arracher à son héritage atavique de paysan auvergnat.
    Mais les personnages principaux chez Thomas Giraud sont les lieux, Réunion, les objets, les éléments, ce sable qui s'insinue partout, et la manière dont les humains interagissent avec.

    Ce roman, à la musicalité entêtante, donnant envie de le relire à haute voix pour mieux en percevoir la force, possède aussi la beauté triste des ruines.
    Un roman qui, à notre époque où l'horizon politique semble désespérément bouché, interroge le besoin permanent chez l'homme de se réinventer, en allant vivre ailleurs, autrement.

    Martin

    " Qui n'y serait pas allé à sa place ? Ce n'était pas un besoin, pas même l'évidence, seulement l'ordre des choses, la rondeur du monde qui lui a dit tu iras."