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  • Conseillé par (Libraire)
    31 octobre 2020

    Le martyre des juifs de Boheme

    Roman fort et émouvant, puisqu'il narre le martyre, d'une population, les juifs de Bohême, et d'une ville, Prague, écrasée sous la botte des nazies.

    Un auteur, Jiri Weil, juif et communiste qui, avec Ota Pavel et Ferdinand Peroutka, démontre qu'il y a encore des auteurs classiques méconnus à (re)découvrir du côté de la littérature tchèque. C'est à peu près le cas pour les littératures de chaque langue et chaque pays me direz-vous, je relèverai donc simplement cette heureuse juxtaposition de lectures marquantes.

    Comme dans toute histoire véritablement humaine, le burlesque côtoie le tragique. En particulier dans l'anecdote véridique ouvrant le roman, celle de l'enlèvement de la statue du compositeur Félix Mendelssohn du toit de l'opéra national tchèque. Et ce selon la volonté du "Protecteur de Bohême" Reinhard Heydrich, terrible personnage de ce roman, parfait alliage de barbarie et d'éducation classique européenne puisque lui reconnaît du premier coup d'œil la statue honnie. Une statue que ses subordonnés confondront avec celle de... Wagner.

    À l'instar du Nuage et la Valse de Peroutka, je note un sens aigu de la narration avec des scènes au pouvoir d'évocation frappant, notamment celles se déroulant dans la forteresse-ghetto de Terezin.

    Ce roman bouleversant est précédé d'une Complainte pour 77297 victimes, collages regroupant les lois d'exception nazies, des évocations d'individus victimes de ces mesures, mis en perspective avec des extraits de l'Ancien Testament. Un monument en soi.

    Martin


  • Conseillé par
    11 mai 2021

    1939-1945, Prague

    Sous-titré Complainte pour 77 297 victimes, ce récit suit quelques juifs du ghetto de Prague pendant le Protectorat.

    Au départ de ces histoires, Heydrich sort un soir d’une représentation au théâtre de la ville et s’aperçoit que la statue du juif Mendelssohn se trouve au milieu d’autres compositeurs allemands. C’est un scandale, il faut déboulonner la statue.

    L’auteur nous donne à voir non seulement des juifs mais aussi des tchèques en prise avec la bureaucratie allemande dans laquelle tout le monde crie mais personne ne comprend le but de la manoeuvre donc, bien sûr, celle-ci n’est pas faite correctement, et tout le monde crie.

    J’ai été frappé de nombres de coups reçus par les pauvres travailleurs qui tentent de faire du mieux qu’ils peuvent.

    J’ai aimé Richard Reisinger, un homme qui a l’habitude des travaux de force, qui se retrouve à trier les possessions des personnes spoliés avec la Gestapo ; puis qui cache des Tchèques chez lui, au fin fond de la campagne.

    J’ai eu de la peine pour le Dr Rabinovic, chargé du musée juif du ghetto, fier de son travail minutieux, mais qui a du mal avec le non respect des commandements (comme si en temps de guerre, on pouvait faire autrement).

    Et tant d’autres qui peuplent ces pages, issus de ce qu’a vécu l’auteur avant son faux suicide pour partir se cacher.

    Et puis ce drapeau rouge et noir omniprésent ; ce château dans lequel personne ne va.

    Un récit parfois drôle d’absurdité malgré la cruauté et très touchant.

    L’image que je retiendrai :

    Celle des statues, dont une au moins est présente à chacun des chapitres. Intéressant parallèle avec notre époque moderne qui déboulonne des statues…