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Les monstres au cinéma
EAN13
9782200242879
ISBN
978-2-200-24287-9
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.ESSAIS GP BL
Nombre de pages
128
Dimensions
16 x 23 cm
Poids
374 g
Langue
français
Code dewey
791.436
Fiches UNIMARC
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Les monstres au cinéma

De

Armand Colin

Dd.Essais Gp Bl

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Qu'est-ce qu'un monstre??>On dira que la question, ainsi posée, « qu'est-ce qu'un On monstre ? », est une question philosophique. Ce n'est toutefois vrai que pour autant qu'on y réponde avec des mots, donc en donnant une définition. Or c'est une question à laquelle le cinéma a aussi répondu. Non pas en donnant une définition, mais en produisant des représentations de monstres qui passent par tous les moyens dont le cinéma dispose. Du coup, s'il y a des représentations à proprement parler du monstre et même des représentations très naïves, nous verrons plus loin qu'il y a des moyens de présenter ou de présentifier un monstre qui poussent la représentation jusqu'à sa limite, voire l'excèdent.?>L'autre de l'homme?>Le monstre, nous dit Alain Rey, « désigne des êtres et d'abord des êtres mythologiques, de légende2 », telles les créatures de Ray Harryhausen, qui n'a signé aucun film, mais qui, en tant que concepteur d'effets spéciaux, est à l'origine de nombreux monstres de cinéma à partir des années 1950, marionnettes animées image par image dans lesquelles « une pose en entraîne une autre, et la gestuelle du personnage se dessine peu à peu3 ».Par extension, le monstre au cinéma équivaut à toutes les figures de vie intelligente qu'on ne peut pas classifier, déterminer, identifier. Il renvoie à tous les types possibles d'altérité qui, en outre, sont nuisibles à l'humanité qu'ils veulent anéantir. Au premier chef, les monstres sont donc toutes les formes de vie extraterrestre. Le cinéma des années 1950, qui présente quasi systématiquement l'extraterrestre comme un prédateur qui vient004Le cyclope du 7e voyage de Sinbad (Nathan Juran, 1958) conçu par Ray Harryhausen. détruire l'homme et s'emparer de sa planète, est édifiant : il se conclut souvent par une mise en garde paranoïaque, où l'on enjoint aux spectateurs de veiller et de scruter le ciel, car l'ennemi peut en surgir à tout moment ! Les historiens du cinéma n'ont pas manqué de mettre cet état d'esprit en rapport avec la guerre froide, et de voir dans le combat des héros américains contre les extraterrestres une métaphore de la lutte contre les pays communistes.L'imagination des producteurs, réalisateurs et responsables des effets spéciaux n'est pas toujours subtile; elle n'a en tout cas aucune limite et ne craint pas le ridicule. Le cinéma de SF américain des années 1950 est riche de créatures plus risibles les unes que les autres, à commencer par celles qu'on trouve dans les premiers films de Roger Corman [It Conquered the World, 1956; Not of this Earth, 1957; Creature of the Haunted Sea, 1960), plus (re)connu pour les adaptations d'Edgar Allan Poe qu'il a réalisées plus tard. Il est vrai que, dans Not of this Earth, le monstre imaginé par Paul Blaisdel n'apparaît que sur l'affiche...Le monstre ne vient pas toujours du ciel. Il ne surgit pas nécessairement de Vénus, Mars, ou d'une autre planète que nous ne connaissons pas encore. Il peut arriver de la mer, ou bien de régions encore inexplorées. Les hommes qui s'y s'aventurent découvrent une forme de vie ignorée dont l'acteur déguisé est manifestement l'unique représentant.Un visage d'extraterrestre imaginé par Harryhausen dans Les Soucoupes volantes attaquent (Fred F. Sears, 1956), qui fait, dans cette image, son unique apparition. Le reste du temps (comme dans la plupart des films de ce genre), la vie extraterrestre est figurée par un moyen de locomotion, la soucoupe volante, et les rares fois où l'on voit les extraterrestres, ils sont casqués.005Le concepteur de la créature d'it Conquered the World (R. Corman, 1956) Paul Blaisdel, dont ce fut sans doute le chef-d'oeuvre, et le réalisateur, Roger Corman, justifiaient l'aspect du monstre en affirmant qu'on pouvait conclure à une telle conformation physique à partir de l'étude des conditions de vie sur Vénus!006007Créature du lac noir (Jack Arnold, 1954), l'un des premiers films en 3D. Scène typique du film de monstre: il y a toujours un moment où la créature. enlève l'héroïne. Mais la créature ne peut jamais rivaliser avec le héros, celui-ci finit par récupérer sa promise et la créature parQue l'imaginaire ouvert par le cinéma des années igso ait survécu longtemps, en témoigne encore Le Continent des hommes-poisson (S. Martino, 1979) dont l'affiche promet tous les ingrédients d'un film d'aventure. À la découverte d'un monde nouveau (la cité engloutie, le volcan qui se réveille, les créatures surgies du fond de la mer), s'ajoute également une composante érotique très forte: la belle fille à moitié nue face aux monstres.008Il y a toujours un moment où la créature enlève l'héroïne009Dans Le Peuple de l'enfer (Virgil W. Vogel, 1956), un savant, devant une bibliothèque remplie de livres et à l'aide de croquis, nous prévient qu'au centre même de la terre, sous nos pieds, existe un monde que nous ne connaissons pas. C'est justement la destination des héros du film.?>L'autre dans l'homme?>Cela posé, le monstre peut aussi être l'homme, ou du moins un certain type d'hommes. C'est à partir du XIIe siècle, nous dit Alain Rey, que le terme lui est appliqué. Il désigne alors celui qu'on exhibe dans les cirques, parce que c'est un exemplaire qui ne correspond pas à la règle générale entendue comme une norme. Le monstre, encore une fois, c'est l'altérité, mais en un sens nouveau : ce n'est plus l'exemplaire d'une catégorie qu'on ne connaît pas, mais l'individu singulier qui n'entre pas vraiment dans la catégorie à laquelle il appartient pourtant. Le monstre, c'est l'exemplaire qui transgresse la catégorie.Freaks, exploité en France sous le titre La Monstrueuse Parade, décrit, à travers l'histoire d'une belle trapéziste qui veut épouser le nain Hans pour sa fortune, la vie quotidienne des « monstres humains » dans un cirque. Ces êtres humains comme l'homme-tronc, la femme à barbe, les soeurs siamoises, etc., sont rejetés hors de la société, n'ayant droit d'exister que dans cet espace fermé, celui du cirque, où ils sont instrumentalisés comme des objets de curiosité qu'on montre à la foule. Le film, évidemment, insiste sur la grande humanité de ces laissés-pour-compte, face à l'arrogance et à la cupidité de la trapéziste et de son amant. Il possède en outre un aspect documentaire, puisque le réalisateur, dans ce film inouï dont on se demande comment il a pu être produit par le studio (la Metro-Goldwyn-Mayer), a fait appel à de « vrais monstres » : il n'y a ni maquillage ni prothèse.
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