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Vivement l'avenir

Marie-Sabine Roger

Le Rouergue

  • Conseillé par
    8 octobre 2010

    une grande claque dans la figure...

    Parfois les élèves me demandent pourquoi j'aime lire. Je viens de terminer ce roman et il pourrait à lui seul fournir une réponse...

    J'aime lire pour entrer dans un univers jusqu'alors inconnu : Marie-Sabine Roger décrit un petit village, quelque part en France, avec ses cafés un peu miteux et son industrie locale : l'élevage des poussins. Elle croque avec justesse cet endroit sans véritable charme dans lequel s'engluent les personnages, incapables d'aimer la ville, incapables de la quitter. Ses descriptions ressemblent à des clichés de Depardon, acérées mais non dénuées d'une certaine tendresse pour ces lieux sans réel caractère, ces zones perdues au milieu de nulle part.

    J'aime lire pour découvrir des personnages et ce roman est dans ce domaine une mine d'or. L'auteur fait se rencontrer Alex, une jeune baroudeuse de passage, avec deux garçons du cru qui ont le sentiment de passer à côté de leur vie.

    Il y a Olivier, le grand et gras fils du marchand d'électro-ménager du bourg. Son grand projet, c'est de combler le canal en y jetant des canettes de bière qu'il a préalablement vidées.

    Il y a Cédric, nostalgique de l'enfance où tout semblait possible et qui cherche une raison pour s'accrocher à la vie, après le départ de Lola, sa compagne.

    Ces trois-là ne se seraient jamais probablement liés sans Gérard, le frère handicapé du logeur d'Alex. Trente-deux ans, d'une laideur hors du commun, un corps atrophié et une extraordinaire joie de vivre et de se contenter de minuscules bribes de bonheur. Il devient un peu le "poussin" des trois trentenaires et c'est l'avenir de celui-ci qui va transformer leur existence. Marie-Sabine Roger parle du handicap sans tabou, avec des mots que j'aurais voulu écrire. Elle parle de la relation fusionnelle, exceptionnelle que Gérard a entretenue avec sa mère quand elle était encore vivante. Cela m'a rappelé mes années de monitrice de centre aéré et ma rencontre avec un petit garçon handicapé mental léger. D'un été sur l'autre, il semblait n'avoir rien oublié de notre complicité et dans ses yeux apparaissait une immense joie quand il me voyait. Il avait un regard identique à celui des bébés, empli d'une confiance absolue.

    J'aime lire pour le plaisir des mots, des phrases, du style propres à un auteur. Sur cet aspect, ce roman est extraordinaire : du langage approximatif de Marlène, la logeuse, à celui cahotique de Gérard, le lecteur se régale. Pas de pathos, pas d'envolées lyriques... Des chapitres courts aux phrases qui crépitent, fourmillent d'inventivité, dévoilent les coeurs sans les mettre à nu, bouleversent pour longtemps.


    Pourquoi j'aime lire ? Parce qu'il existe des auteurs tels que Marie-Sabine Roger et que ce serait dommage de passer à côté !


  • Conseillé par
    1 septembre 2010

    Vivement l'avenir

    Alex une trentenaire sans attache loue une chambre chez Marlène et Bertrand, ils hébergent aussi le frère de ce dernier qui est handicapé. Leur vie n'est pas folichonne, leur environnement est sinistre et ils sont plustôt tristes.

    Cédric et Le Mérou sont copains et ils passent beaucoup de temps au bord du canal à "glander". Ils ne trouvent pas de sens à leur vie et ne sont pas heureux.

    Et bien avec ces ingrédients Marie-Sabine Roger a réussi à écrire un livre plein de tendresse, d'humour, d'amitié et finalement d'espoir.

    Alex tisse des liens assez forts avec Gérard qui est handicapé mental, elle s'attache à lui beaucoup plus qu'elle ne le voudrait, c'est vraiment très touchant et très beau. Et c'est tant mieux pour lui car Marlène n'est vraiment pas sympa avec lui, il faut dire qu'elle n'est pas heureuse et vit dans ses souvenirs et ses regrets. C'est une grande g..... qui pense faire de belles phrases mais elle est un peu bête et cela donne des expressions marrantes : si je n'amabuse, j'ai râté l'encoche, j'en ai les nerfs qui me sortent des gaines.

    C'est l'histoire de gens simples qui ont perdu leurs rêves. "Combien de gens s'abonnent au malheur, tout seuls, comme des grands, et ne résilient plus jamais l'abonnement ?".

    Et de toute cette tristesse, toute cette noirceur en sort une belle histoire, j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, très agréable à lire. J'avais vraiment l'impression de les voir évoluer sous mes yeux, tout est très bien décrit et raconté, et on s'attache peu à peu aux personnages principaux.

    J'aurais presque voulu que ça continue encore un peu .....


  • Conseillé par
    26 août 2010

    Une petite ville de province coincée sous un ciel gris au nord de la France avec son canal et son poulailler industriel. Sur ce bout de terre qui est très loin de ressembler au paradis, Alex travaille en CCD au poulailler.

    Jeune femme de trente ans dont le physique se rapproche plus à celui d’un ado, elle loue une chambre chez un couple : Marlène dont la rancœur n’a d’égale que l’amertume et Bernard qui semble subir sa vie. Il y aussi Gérard le frère de Bernard. Handicapé sévère depuis sa naissance, Marlène le considère comme un boulet, un neuneu et un débile. Olivier dit le Mérou et Cédric passent leurs journées au bord du canal. Le Mérou tente d’y construire un barrage en y larguant ses cannettes de bières une fois bues. Cédric, le moral dans les chaussettes, sans emploi, quitté par ca copine, attend que les journées se passent.

    Avec ce résumé, on pourrait croire à du Zola actuel mais ce serait sans compter sur l’humour et la verve de Marie-Sabine Roger !

    Malgré sa carapace, Alex va commencer à s’occuper de Gérard qu’elle surnomme affectueusement Roswell. Elle lui raconte des histoires, écoute ses poèmes, rit avec lui mais surtout le considère comme une personne et non pas un monstre. Sauf que les petites attentions semées ici et là deviennent souvent des sentiments même si on veut garder ne pas s’attacher à personne. Avec un trolley bricolé, elle le promène au bord du canal. Ils vont faire la connaissance du Mérou dont le but de sa vie est son grand barrage en cannetes de bières et de Cédric qui a l’impression de s’être trompé de vie. Tous les quatre vont se vont se découvrir et commencer une nouvelle vie.
    Le couple Marlène-Bernard vaut le détour ! Marlène serait prête à « perdre volontairement » Gérard mais elle se rebiffe d’indignation quand elle entend parler des animaux abandonnés. Bernard mutique n’attend rien de l’avenir. Marlène est plus bête que méchante et ressasse sa jeunesse, ses rêves avortés.

    Avec ces personnages trentenaires, j’ai rigolé, j’ai souri, j’ai été ému (oui, tout ça) car ce sont la vie, l’espoir et les rêves qui l’emportent. L’apitoiement, le je-me-complais-dans-ma-galère sont bannis de ce livre. Et, ô joie, l’humour et l’ironie font mouche !

    Marie-Sabine Roger nous dépeint la réalité de beaucoup de personnes qui galèrent et qui se demandent quel sera leur le lendemain. Comme dans La tête en friche, ses personnages semblent bruts de décoffrage, mais au fil des pages, les carapaces s’amenuisent, les masques tombent et nous révèlent des personnes sensibles ou attachantes, la tête remplie de rêves.

    Alors, oui, j’ai aimé ce livre rempli d’humanité et je l’ai terminé avec un grand sourire aux lèvres ! Une belle histoire qui donne des ailes, du punch et qui redonne confiance et espoir.

    Il ne faut pas passer à coté de cette lecture qui est une vraie bouffée d'optimisme et de bonheur !