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American prophet

Paul Beatty

Passage Du No

  • Conseillé par (Libraire)
    20 février 2014

    Il est noir, il est basketteur, c'est un poète.
    Elevè dans la banlieue chic et blanche, il débarque dans un ghetto où plus un flic n'ose s'aventurer.
    Il en deviendra le prophète.
    Une géniale épopée urbaine qui explose les clichés racistes dans une verve volcanique.
    Terriblement drôle et malpensant !
    Hugo


  • Conseillé par
    2 mars 2014

    Original

    Ce roman satirique et parfois loufoque est centré sur le thème de l'identité noire mais aussi de celle des métisses car Gunnar n'est totalement à l'aise ni avec les noirs, ni avec les blancs. La manière dont Paul Beatty évoque ces thèmes est originale d'abord parce que ce roman fait souvent sourire, mais aussi parce que Gunnar ne souffre pas de discrimination, c'est lui qui a du mal à intégrer les codes du ghetto noir. J'ai parfois trouvé que c'était un peu trop loufoque pour moi mais Gunnar est vraiment un personnage attachant et intéressant qui montre que l'identité noire est multiple et qu'un poète cultivé la représente aussi bien qu'un autre. Les personnages secondaires et même ceux qu'on ne fait que croiser comme Wolfgang, l'aïeul qui traçait les inscriptions "réservé au blancs pendant les lois Jim Crow sont très justement croqués.

    Parmi mes passages préférés, je mettrais la comparaison des photos de classe entre 1923 et 1986. Ajoutons que ce roman est très bien écrit et tout aussi bien traduit par Nathalie Bru.


  • Conseillé par
    3 décembre 2013

    Attention, ça déménage !

    Avec "American Prophet", Paul Beatty fonce dans tous les stéréotypes racistes, du politiquement correct à la discrimination positive, en passant par le ghetto de Los Angeles. Gunnar Kaufman, l’"American prophet" du titre, a été élevé avec ses deux sœurs par sa mère dans la banlieue privilégiée de Santa Monica. A l’école, on sensibilisait les enfants au racisme, aux injustices. Il était le Noir cool et marrant, bien pratique pour montrer son ouverture d’esprit. Puis maman Kaufman décide que ses enfants doivent affronter les réalités de la vie et les voilà qui s’installent à Hillside, ghetto de Los Angeles. Arrivé là à treize ans, il tombe dans une jungle dont il ne connait pas les codes.

    Le petit Gunnar, loin d’être un idiot, comprend bien vite qu’il va devoir changer s’il veut qu’on arrête de le frapper. Il décode, intègre, singe tous les gens qui l’entourent non sans en souligner, avec énormément d’humour, tous les travers. Car ces Noirs-là, soucieux de s’émanciper de l’image laissée par leurs parents et des générations de soumission, fonctionnent sur des stéréotypes violents et vulgaires dont ils finissent par être prisonniers. En devenant une star du basket et un grand poète de rue, Gunnar cherche à leur montrer les impasses du modèle qu’ils se sont choisis. L’agressivité et la violence ne conduisent à aucune libération, pas plus qu’à la reconnaissance.
    Autant dire que l’écriture de Paul Beatty laisse k.o. Dans une langue qui empoigne le lecteur, Paul Beatty surprend, martèle et déroute parfois, tant son humour poignarde les clichés. Il s’en prend aux Blancs mais aussi aux Noirs, trop serviles, blanchis sous cinq siècles d’américanisation. Il dénonce avec un humour qui ressemble à un coup de pied au cul les bonnes intentions blanches et les revendications noires. Et c’est bien l’humour qui permet la distance, à l’inverse du roman de Miles Wiliamson, Bienvenue à Oakland où le narrateur prend lui aussi à parti le lecteur mais le rend responsable de tous ses maux. C’est juste insupportable sur la longueur. Paul Beatty se révèle beaucoup plus subtile et donc plus efficace. Il stigmatise moins le racisme des Blancs que leur efficacité à rendre les Noirs dépendants, voire redevables.
    Avec force « Nègres » et « Négros », Paul Beatty balaie la bonne conscience américaine qui voudrait faire disparaitre de la surface les discriminations. Mais ce qui intéresse Paul Beatty dans American Prophet, c’est ce qui se passe sous la surface, quand on gratte un peu l’hypocrisie ambiante. Il en rajoute, pour ne pas tomber dans le tragique, et c’est jubilatoire.
    Saluons le travail de traduction de Nathalie Bru qui à l’aide de notes en bas de page et en fin d’ouvrage s’efforce de rendre intelligible aux lecteurs français un nombre incalculable d’allusions et de références.