Ouvert le lundi de 14h30 à 19h30 et du mardi au samedi de 10h à 19h30

 

COMME DES IMAGES, Edition 2014

Clémentine Beauvais

Sarbacane

  • Perturbant mais réaliste

    Le début ne laisse aucune zone d’ombre, cette histoire va mal finir. Pourtant le mystère reste entier : qui ? comment ? pourquoi ? C’est pour répondre à toutes ces questions que l’on se lance dans le roman. On fait alors la connaissance de la narratrice qui est en constante admiration devant Léopoldine – petite star égocentrique, de la sœur jumelle de Léopoldine, Iseult, de Timothée, l’ex de Léopoldine, d’Aurélien, nouveau petit ami de Léopoldine. Oui, tout tourne autour de cette dernière.

    La petite communauté élitiste du lycée Henri IV est secouée par un drame. Une vidéo très intime mettant en scène Léopoldine a été largement, très largement diffusée, sur internet. Dans un univers où seule compte la réputation, l’image que l’on renvoie aux autres et où les relations entre pairs sont régies par cette loi – on n’est pas ami avec n’importe qui – c’est un coup dur.

    Dans un style assez particulier – on a vraiment l’impression que c’est la narratrice, une adolescente pas très dégourdie qui refuse de voir l’évidence, qui parle – Clémentine Beauvais nous fait vivre cette journée infernale. Car oui, l’action ne se déroule que sur une journée. LA journée. Celle qui commence par la diffusion de la vidéo et se termine par un corps brisé dans la cour du lycée. C’est un rythme intense, mais il y a tout de même plusieurs flash-back afin que l’on puisse bien comprendre ce qui se joue dans l’instant ainsi que des petits interludes : reproduction du règlement intérieur, lettres, mails, commentaires youtube, qui permettent de comprendre les non-dits.

    Aux premiers abords on pourrait croire que c’est un roman qui dénonce le cyber-harcèlement et le danger des réseaux sociaux et d’internet. Ce qui est faux. Bien sûr, on y pense en le lisant, mais ce que ce livre semble pointer du doigt en premier lieu, c’est la course à la réussite, la pression qui est mise sur les frêles épaules des élèves, dès le collège. Et à cela s’ajoute l’importance que l’on donne à la réputation et à l’image, au paraître.

    En conclusion, un roman assez dérangeant, qui continue d’interpeller longtemps après sa lecture.