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Les jours infinis

Claire Fuller

Stock

  • Conseillé par
    4 mars 2016

    « Les jours infinis », c’est le récit inquiétant d’une gamine privée de tout, sous le coup d’une lubie de son père qui décide un jour de l’emmener vivre dans la forêt. Qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête de ce père pour qu’il arrache ainsi sa fille à son environnement, à sa mère (qu’il dit morte), à la civilisation même ? La vérité, occultée pendant la majeure partie du récit, nous percute comme un boulet de canon dans la dernière ligne droite. L’horreur se cache parfois dans les non-dits…

    Sous fond de psychose survivaliste, ce roman joue avec les nerfs du lecteur, le poussant dans une direction pour mieux le fourvoyer par la suite. La grande force de la narration se trouve dans les nombreux allers-retours entre passé et présent, avec une grande zone d’ombre sur les neuf années que Peggy a passé en forêt avec son père. De retour chez elle, auprès de sa mère et d’un frère qu’elle découvre, elle peine à reprendre le cours d’une vie normale. Ces courts chapitres, qui nous permettent de nous rendre compte à quel point Peggy est isolée de tout, m’ont vraiment bouleversé.

    L’auteure aborde la psyché brisée de l’héroïne avec beaucoup de tact. Que ce soit la condition physique de Peggy ou son sentiment d’être bousculée par l’existence, Claire Fuller n’oublie aucun aspect. Les passages qui reviennent sur le quotidien vécu par l’héroïne avec son père en forêt sont délibérément lents. Les jours passent, avec toujours les même gestes, les même préoccupations, le même ennui. Et les jours semblent bien infinis comme le titre nous le suggère. Puis une nouvelle tocade, une nouvelle colère du père survient et l’auteure nous ferre. Malgré un récit assez contemplatif par moments, la tension est bien présente, angoissante au fur et à mesure que les silences se révèlent d’eux-mêmes. La fin est effroyable et nous prend par surprise. Encore une superbe découverte par La Cosmopolite des éditions Stock.


  • Conseillé par
    16 juin 2015

    Alors que Peggy est âgée de huit ans, son père construit un abri antiatomique chez eux. Sa mère Ute, pianiste, n' apprécie pas les réunions chez eux où d'autres "survivalistes" viennent discuter de la fin du monde. Ute doit s'absenter de Londres pour une série de concerts laissant James avec Peggy. James installe une tente dans le jardin. Peggy ne va plus à l'école, apprend à vivre de ce qu'ils attrapent en posant des pièges. Sur ce qui semble un coup de tête, James décide qu'ils vont partir pour die Hütte, un endroit très loin de Londres. Peggy pense qu'il s'agit d'une question de semaines, le temps qu'Ute rentre. Die Hütte est juste une cabane en bois perdue dans les bois. James ment à sa fille : Ute est morte tout comme le reste du monde et ils sont les deux seuls survivants. Peggy grandit, James a basculé dans une folie : il l'appelle Ute, a de brusques changement d'humeur.

    Neuf années plus tard, Peggy est de retour à Londres dans sa maison avec Ute. Elle a été kidnappée par son père, mais comment le haïr ? Souffrant du syndrome de Stockholm, les images du bonheur passé se mélange à d'autres bien moins roses. Elle n'arrive pas à démêler la réalité des souvenirs idéalisés.
    L'histoire alterne la vie de Peggy en compagnie de son père et le présent. Des descriptions superbes de la nature où ils se débrouillent pour survivre au fil des saisons, un huis clos où la complicité entre un père manipulateur et sa fille s'étiole petit à petit. Car Peggy comme toute adolescente se rebelle mais elle ne peut pas renier ou taire l'amour qu'elle éprouve pour son père. Que s'est-il passé réellement ?

    Claire Fuller analyse très bien la relation père-fille détournée par les mensonges, la solitude et la folie. C'est prenant, troublant, glaçant, beau et terrible à la fois. Ce récit ferrera de nombreux lecteurs et la fin les scotchera.
    Mais voilà, si au départ j'ai été captivée, les trames de certaines de mes lectures me sont revenus à l'esprit sans compter deux ou trois phrases qui m'ont mises la puce à l'oreille, j'ai donc deviné ce qui allait arriver... Dommage.