Ouvert le lundi de 14h30 à 19h30 et du mardi au samedi de 10h à 19h30

 

Civiliser l'Europe, Politiques du théâtre français au XVIIIe siècle
EAN13
9782213683744
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Civiliser l'Europe

Politiques du théâtre français au XVIIIe siècle

Fayard

Indisponible

Autre version disponible

Chaque année, la presse anglophone, de Time Magazine à Newsweek, annonce la «
mort de la culture française », en insistant sur le peu d'écho rencontré par
les productions françaises à l'étranger. Face à ces interrogations lancinantes
sur le recul de la place de cette culture dans le monde, l'« Europe française
» du Siècle des lumières apparaît à certains comme un âge d'or, le temps béni
du « rayonnement » de la culture française. Le prestige européen du théâtre
français en serait une des manifestations les moins contestables. Au XVIIIe
siècle siècle en effet, des troupes de comédiens français sillonnent toute
l'Europe, de Cadix à Saint-Pétersbourg et de Stockholm à Palerme, proposant au
public un répertoire où se mêlent les classiques, Molière au premier chef, et
des auteurs aujourd'hui oubliés comme Regnard, Destouches ou La Chaussée.
Contre une lecture nostalgique et mystificatrice, qui célèbre sans
l’interroger la présence du théâtre français dans les grandes capitales
européennes, Civiliser l’Europe en décrit et en révèle les mécanismes. En
s’appuyant sur les méthodes nouvelles de l’histoire connectée, appliquées à
l’échelle européenne, Rahul Markovits montre que cette circulation du théâtre
français ne se comprend qu’en mettant en lumière les différents contextes dans
lesquels les troupes françaises sont conduites à jouer le répertoire national.
Princes et ministres de l'Europe des cours en quête de distinction sociale ou
de prestige politique, diplomates et chefs militaires promouvant le soft power
français, chefs de troupe et comédiens à la recherche d'opportunités
économiques mais souvent animés de l'« esprit de retour », administrateurs
napoléoniens convaincus de l'influence civilisatrice des chefs-d'œuvre de la
scène française : c'est de l'action de l'ensemble de ces protagonistes qu'est
constituée la matière de ce livre. Il en ressort une leçon magistrale : le
théâtre français n’était pas perçu au Siècle des lumières comme un simple
divertissement ni comme le signe d’une grandeur littéraire incontestée, mais
bien comme l’instrument d’une unification culturelle de l’Europe, sous l’égide
parfois pacifique, parfois brutale, des élites françaises, désireuses de
s’assurer, selon le mot de Voltaire, l’« empire de l’esprit ». L'histoire de
l’« Europe française » au prisme du théâtre ne nous tend pas le miroir de
notre grandeur culturelle déchue. Elle nous montre que les dominations
culturelles ne sont pas massives et univoques, mais que, derrière l'ordre
surplombant du discours, elles sont souvent relatives et toujours localisées.
S'identifier pour envoyer des commentaires.