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Toute seule
EAN13
9782374912271
Éditeur
Quidam
Date de publication
Collection
Made in Europe
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Toute seule

Quidam

Made in Europe

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Évoquer la misère au quotidien. Ne pas en faire une métaphore, mais chercher
les trouées dans cette vie, les perspectives, si minces soient-elles. À une
époque qui a vu naître les Nuits debout, les Gilets jaunes, des grèves
longues, où la misère et les écarts sociaux se creusent, comment faire
entendre les revendications sociales, la rumeur du monde ? Comment, sans en
faire une paraphrase, conter la vie de pauvres gens en milieu rural, dans un
endroit désertifié, où l’on s’organise peut-être mieux que dans les villes.
C’est l’histoire d’un couple, lui, Paul Ladier, est un cheminot à la retraite,
artiste peintre. Elle, Françoise, plus jeune, subit à présent cet homme devenu
vieux. Les illusions se sont envolées. La peinture ne les a pas rendus riches.
Ils vivent dans un ancien commerce, au centre d’un bourg, les toiles collées
contre la vitrine. Françoise s’en débarrasse contre une poignée d’euros. Elle
aimerait également se débarrasser du vieux, de plus en plus pesant. Mais
paradoxalement elle y tient, comme on aimerait un père. Comme on aimerait
également une personne par qui le lien donne sens au monde. Sans Paul Ladier,
elle ne serait plus rien. Pauvres, à la marge du village, on leur fait parfois
l’aumône d’un bout de viande, de quelques fruits. J’ai voulu redonner du sens
à l’argent, le faire apparaître au cœur du récit, ramener la vie aux comptes
répétitifs et essentiels. De l’argent comme une obsession, il en faut peu pour
résister. On se méfie de Françoise. On la soupçonne de violences au sein du
couple. On peut penser à un numéro de clowns, à un couple de l’absurde,
espérant une issue heureuse, tout en sachant qu’elle n’adviendra pas. Lui
tente de réécrire l’histoire, il a été un bon peintre, avec ses natures
mortes, ses nus – il faisait poser Françoise, quand elle avait encore un joli
cul. L’intimité de ce couple est souvent comique, comme un numéro qui a usé
ses ressorts et n’en continue pas moins. Partage de quelques instants
tranquilles, interrogations sur l’art, la peinture, l’écriture. Oui, qu’est-ce
que l’art pour des gens qui tentent d’imiter, veulent s’élever, se prennent à
un jeu dont ils ne sont pas à la «hauteur» ? Un leurre, une tragicomédie ?
Paul Ladier n’hésite pas à faire pourrir des lapins écorchés pour ses natures
mortes, et un jeune écrivain autoédité se met à une table dans la rue pour
vendre ses livres pendant les foires et les comices. Ils se disent artistes,
on les nomme ainsi pour mieux en rire. Mais de quoi sont-ils épris, de quel
idéal ? Du seul désir de s’élever, un désir qui les rendrait grotesques ? Paul
n’étant plus autonome, une assistante sociale le place en maison de retraite.
Cette séparation leur est cruelle. Encore jolie pour la région et les hommes
qui la lorgnent, Françoise aura quelques amants contre un peu d’argent, avant
de s’en libérer. C’est une libération subtile, une façon d’être qui lui rend,
dans la solitude, une liberté intérieure. Jamais dupe de sa condition, sauf
lorsqu’elle était jeune et qu’elle a rencontré Paul et rêvé d’être femme
d’artiste, elle est aussi le personnage de l’affranchissement, de la quête
infinie de soi. Elle s’éloigne dans la forêt. Il suffit parfois d’un pas de
côté pour que la vie change et que l’on trouve la place juste – rien de
spectaculaire, simplement une façon d’être. Clotilde Escalle est née en 1958 à
Fès, et a vécu longtemps au Maroc. Depuis son installation définitive en
France, à l’âge de vingt-quatre ans, elle écrit de façon soutenue. Son premier
manuscrit a été remarqué par Jérôme Lindon, qui l’a encouragée à poursuivre
son apprentissage d’écrivain. Une rencontre fondamentale. Parallèlement elle
se forme à la pratique du théâtre au conservatoire de Toulouse, puis au cours
Florent. Autre rencontre déterminante : pendant cinq ans elle suit
l’enseignement du directeur d’acteur, metteur en scène et dramaturge, Ludwik
Flaszen, cofondateur avec Grotowski du Théâtre-Laboratoire. Vient ensuite
l’École du Louvre, en auditeur libre. Un enseignement général en histoire de
l’art de quatre ans, puis une spécialisation en art contemporain avec les
cours de Bernard Blistène. Clotilde Escalle est aujourd'hui journaliste
pigiste dans le domaine de l’art pour le Tageblatt,l’un des principaux
quotidiens luxembourgeois, depuis une vingtaine d’années. Elle a également
travaillé de manière régulière pour les magazines français Pratique des Arts,
Azart, Artension. L’écriture est sa priorité, car elle est respiration,
nécessité. Les thèmes qui se dégagent de ses romans et de ses pièces de
théâtre sont, entre autres, une verticalité du temps, la vieillesse, l’exil
(mais de quel exil s’agit-il ?), la pulsion animale, la difficulté de dire,
les temps immémoriaux. Romans : Mangés par la terre (Le Sonneur, 2017) / Les
Jeûneurs (Publie.net ,2014, Gwen Catalá, 2017) / Off (Pierre-Guillaume de
Roux, 2012) / La vieillesse de Peter Pan (Le Cherche Midi, 2006) / Où est-il
cet amour (Calmann-Lévy, 2001) / Herbert jouit (Calmann-Lévy, 1999) / Pulsion
(Zulma, 1996) / Un long baiser (Manya, 1993) Théâtre : Partout (Gwen Catalá
Éditeur, 2017) / De Mémoire d’Alice (Gwen Catalá Éditeur, 2017) / Voyage
ordinaire en Sévétie (Gwen Catalá Éditeur, 2016)
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