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L'Été 80
EAN13
9782707330062
Éditeur
Les Éditions de Minuit
Date de publication
Collection
'"double"
Langue
français
Fiches UNIMARC
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L'Été 80

Les Éditions de Minuit

'"double"

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« Au début de l’été, Serge July m’a demandé si j’envisageais dans les choses
possibles d’écrire pour Libération une chronique régulière. J’ai hésité, la
perspective d’une chronique régulière m’effrayait un peu et puis je me suis
dit que je pouvais toujours essayer. Nous nous sommes rencontrés. Il m’a dit
que ce qu’il souhaitait, c’était une chronique qui ne traiterait pas de
l’actualité politique ou autre, mais d’une sorte d’actualité parallèle à
celle-ci, d’événements qui m’auraient intéressée et qui n’auraient pas
forcément été retenus par l’information d’usage. Ce qu’il voulait, c’était :
pendant un an chaque jour, peu importait la longueur, mais chaque jour. J’ai
dit : un an c’est impossible, mais trois mois, oui. Il m’a dit : pourquoi
trois mois ? J’ai dit : trois mois, la durée de l’été. Il m’a dit : d’accord,
trois mois, mais alors tous les jours. Je n’avais rien à faire cet été-ci et
j’ai failli flancher, et puis non, j’ai eu peur, toujours cette même panique
de ne pas disposer de mes journées tout entières ouvertes sur rien. J’ai dit :
non, une fois par semaine, et l’actualité que je voulais. Il a été d’accord.
Les trois mois ont été couverts à part les deux semaines de fin juin et début
juillet. Aujourd’hui, ce mercredi 17 septembre, je donne les textes de L’Été
80 aux Éditions de Minuit. C’est de cela que je voulais parler ici, de cette
décision-là, de publier ces textes en livre. J’ai hésité à passer à ce stade
de la publication de ces textes en livre, c’était difficile de résister à
l’attrait de leur perte, de ne pas les laisser là où ils étaient édités, sur
du papier d’un jour, éparpillés dans des numéros de journaux voués à être
jetés. Et puis j’ai décidé que non, que de les laisser dans cet état de textes
introuvables aurait accusé davantage encore – mais alors avec une ostentation
douteuse – le caractère même de L’Été 80, à savoir, m’a-t-il semblé, celui
d’un égarement dans le réel. Je me suis dit que ça suffisait comme ça avec mes
films en loques, dispersés, sans contrat, perdus, que ce n’était pas la peine
de faire carrière de négligence à ce point-là. Il fallait un jour entier pour
entrer dans l’actualité des faits, c’était le jour le plus dur, au point
souvent d’abandonner. Il fallait un deuxième jour pour oublier, me sortir de
l’obscurité de ces faits, de leur promiscuité, retrouver l’air autour. Un
troisième jour pour effacer ce qui avait été écrit, écrire. » M. D.
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