Le Retable de Cracovie

Le retable de Veit Stoss, à Sainte-Marie de Cracovie, mérite à plusieurs titres d'être appelé une oeuvre géante. Cet autel sculpté se présente d'abord comme un livre de format colossal, ou une bande dessinée grand format, avec son « côté des jours de semaine » et son « côté des jours de fête ». Haut de presque seize mètres, large de onze quand il a ses volets ouverts, c'est le plus grand autel sculpté du Gothique et de la Renaissance. Prédelle, volets et frise, volets et vantaux sont peuplés de reliefs. Les personnages en bois de tilleul, plus grands que nature, sont d'une force expressive inégalée et d'un réalisme surprenant. Veit Stoss (pour les Polonais Wit Stwosz) se consacra pendant plus de douze ans, de 1477 à 1489, à l'élaboration de cet ensemble, qu'il sculpta, dora et monta tout seul. Il s'agit en même temps d'un hymne grandiose à la Mère de Dieu. Lors du quatre cent cinquantième anniversaire de la mort du sculpteur (1984), le retable fut entièrement restauré dans les règles de l'art, après enlèvement de la patine des ans et des repeints qui le défiguraient. De sorte qu'il brille aujourd'hui de son éclat d'origine. Les reproductions en couleurs du présent ouvrage couvrent le retable tout entier en son état rénové : la prédelle, les vingt-et-une scènes de la vie de Marie, avec parfois des pages doubles et certains détails agrandis. Elles sont dues à des photographes polonais. En regard de chaque scène, on pourra lire le texte sous-jacent de la Bible ou des apocryphes. L'étude du P. Veit Funk relève à la fois de l'histoire de l'art et de l'histoire de la spiritualité de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Une première partie raconte la vie de Veit Stoss avant la période de Cracovie et soupèse les influences respectives des deux artistes qui l'ont le plus marqué, Nicolas Gerhaert et Martin Schongauer. La partie centrale de l'ouvrage est une description, scène par scène, du retable de Cracovie, avec une interprétation iconographique et théologique. Enfin, une troisième partie présente les oeuvres de Veit Stoss ayant vu le jour après la période de Cracovie, de la « Salutation angélique » pour l'église Saint-Laurent de Nurenmberg, à sa toute dernière création, « L'Autel de Bamberg », une des oeuvres les plus caractéristiques de la Renaissance en Allemagne.