Les Portiers de l'aube

Rien de plus normal, passé un certain âge, que de ne plus attendre grand-chose de soi-même. Peut-on encore espérer ce surcroît d'existence qui s'appelle le bonheur ? Peut-on encore changer sa vie ? Peut-on encore attendre quelque chose de nouveau ? Sans aller jusqu'à se dire « flou?, on découvre cependant que les choses nous tiennent plus par l'habitude qu'on ne les tient. D'autres sont peut-être encore capables de trouver les chemins du sublime, mais la vérité oblige à se découvrir enfin tel que l'on est : avec la pauvre utilisation que l'on a faite de ce que l'on a reçu. Les points de départ ont pu être portés par l'espérance, il faut bien en arriver un jour à la question : Pour quoi vit-on encore, pour quel motif ? C'est l'heure de la lassitude, mais aussi de la fidélité, lorsque l'aurore est encore dans la brume. C'est le temps du plus grand risque, celui qui limiterait définitivement notre désir. La limite serait-elle le dernier mot ? Et si, au contraire, c'était le moment du secret le plus précieux ? On n'ose pas le formuler tout seul. On le reçoit de ceux qui, aussi démunis que nous, ont tenu bon dans la nuit. Ils nous tendent la main : Bernadette Soubirous, Thérèse de Lisieux, Jeanne d'Arc, Jean-Marie Vianney, Maximilien Kolbe. Ils ont vécu le quotidien le plus simple, l'épreuve et la solitude, mais dans la confiance et la ténacité. Alors ils peuvent être, pour chacun de nous, les « portiers de l'aube ».