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Notre sélection de coups de cœur en poche

Martin

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Avant les ruisseaux et les montagnes

Contre-Allée

8,00

Il y eu d'abord un titre éblouissant, Élisée, avant les ruisseaux et les montagnes, me faisant signe et signalant que ce premier roman avait à faire avec la jeunesse de l'illustre géographe libertaire de la fin du XIXeme siècle. Le lecteur suivra ainsi (et entre autre) le périple du jeune Élisée à travers ce que des géographes nommeront plus tard la "diagonale du vide", de Sainte-Foy la Grande aux portes du Périgord jusqu'à Neuwied en Allemagne, répondant à la vocation de pasteur que le père veut transmettre.
Ensuite, il y eu cette couverture magnifique, rappelant le travail d'orfèvre des éditions La Contre Allée.
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" Dans cette enfance, c'est le moment où, selon les préoccupations paternelles qui sont en fait des prescriptions paternelles, il peut être pasteur, il doit être pasteur. Élisée est encore maintenu dans le chemin que son père choisit ou que son père, Jacques, voudrait bien. Il peut encore marcher sur ça, par là. Par là, c'est assez vague mais, par là, ça commence par l'Allemagne, Neuwied, première étape pour devenir pasteur et reprendre sa part du flambeau : lumière sèche, pointue, ferme et qui dure. "
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Enfin, il y a cette écriture, intimiste et ciselée, pour incarner un jeune homme et de sa famille, de Zéline, la mère aux idées éducatives avancées, à Jacques le père pasteur aux sermons bégayants et répétitifs. Puis ce dispositif aphoristique génial des bouts de pensée, déroulant devant nous la construction en mouvement d'une pensée.
Découvrant en 2016 cet exceptionnel premier roman, je l'ai relu récemment avec la même émotion. Un texte magnifique que je vous invite fortement à découvrir.
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"Bouts de pensée : Je sens l'universel et laisse le général aux autres. "

Martin


10,50

"[...] j'en avais ma claque de tous ces trains et de tous ces avions qui vous parachutent de gare en gare et de tarmac en tarmac sans vous faire voir du pays. Non, traverser l'Europe à vélo. Histoire d'en voir pour de bon, du pays."

D'Odessa à Strasbourg, en passant par Galati, Ada Kaleh, Novi Sad et Vienne, c'est à une véritable odyssée européenne que nous convie ce récit d'arpentage à contre-courant du Danube. Sur plus de 4000km, Emmanuel Ruben et son "ami" Vlad ont pédalé, sué, observé et discuté avec ces habitants des lisières communautaires, de Viktor le pêcheur Lipovène à Gabor l'hôte hongrois. Il conjugue ainsi ses trois passions, la petite reine, la géographie et l'écriture, la première donnant son tempo à ce récit-fleuve.

. "[...] le plus dur, c'est de trouver le bon rythme, disait Vlad, si tu ne trouves pas d'emblée ton propre rythme, c'est fichu, tu chopes un point de côté, tu te mets dans le rouge, il faut savoir doser, ne pas se griller d'avance, mouliner sans forcer, en garder sous la pédale... "

À contre-courant du Danube de Claudio Magris, inspiré par la nostalgie d' une Mittleuropa austro-hongroise, à contre-courant aussi d'une Europe bruxelloise, technocratique et "suissifiée" , Emmanuel Ruben nous fait remonter le fil d'une autre Europe en partant de ses confins. Après la Grande Bordurie de La Ligne des glaces, quoi de mieux alors que le Danube, un fleuve traversant dix pays européens, un fleuve qui relie autant qu'un fleuve servant de frontière, pour convoquer et explorer la géographie et l'histoire d'un continent ?

Emmanuel Ruben nous livre ici son Magnum opus, un récit-fleuve polychrome, comme le sont les eaux du Danube rarement d'un bleu pur, et le constat d'une Europe à la dérive, se reposant sur ses acquis et son confort de forteresse assiégée, qui reste plus que jamais à réinventer.

Lectrices, lecteurs, bienvenue en Danubie.

Martin


8,30

«C'est l'histoire toute simple d'un gars qui fait le manœuvre dans des petits ateliers de mécanique.Félix tente d'expliquer en phrases saines et drues son désarroi d'être incompris et de mal comprendre. Que ce soit dans ses discussions avec ses patrons, avec les cousins ou avec sa femme, Paulette, Félix souffre toujours de savoir mal s'exprimer. Il lui arrive même d'entrer en conflit, dans l'esprit de sa femme, avec de superbes mots de roman-feuilleton, et de perdre la bataille.Alors, il bat sa femme, au bout du désespoir. Tout comme on est contraint de faire la révolution lorsque les mots, les échanges et finalement l'existence ont perdu tout leur sens profond pour sombrer dans la vulgarité des idées trop couramment reçues et trop rarement ressenties.»Jean Meckert.
«C'est l'histoire toute simple d'un gars qui fait le manœuvre dans des petits ateliers de mécanique.» Première édition en 1942.


7,00

Auteur notamment du Thé au harem d'Archi Ahmed (1983), Mehdi Charef, qui a publié trois autres romans et réalisé onze films, retrouvé ici l'écriture après treize ans d'interruption. Dans Rue des Pâquerettes, il revient sur son arrivée en France en 1962. Il y raconte l'absurdité de l'exil, la boue du bidonville et les silences rentrées ; mais aussi la soif de mots d'un enfant avide de raconter ce qu'il comprend du monde qui l'entoure.

" Mon père va la trouver, la pépite ! C’est bien pour cela qu’il s’époumone dans l’odeur âcre du goudron brûlant, qu’il s’esquinte à creuser au plus profond. Il ne le dit pas, surtout à ma mère qui serait capable de se moquer de lui. Mais il y croit dur comme fer quand il enfourche son Solex, son lourd bleu sur les épaules, avec ses bottes lacées, ses gants larges sur le guidon. On leur a dit, à lui et à d’autres chercheurs d’or venus aussi de pays lointains, que la sueur des hommes qui ont travaillé là s’était polie avec le temps pour devenir pépite. Un jour, mon père fracassera d’un coup de pioche la pierre qui l’abrite. "

" Ça ne fait pas très longtemps que je suis en France, à l'école des Pâquerettes, et déjà monsieur Raffin, notre instituteur, m'a désigné pour faire la lecture dans la classe. J'en suis très fier car bien d'autres camarades mus à l'essai ont été écartées. Détail qui épaté mon maître, je lis sans suivre les mots avec mon index. Je ponctue, je questionne au point d'interrogation, je m'exclame si besoin, je hausse le ton, crie la colère, provoque le rire de mes camarades et gagne peu à peu l'admiration de l'instituteur. "


13,00

Frédéric Arnoux nous propose ici un texte percutant et une langue fascinante dès la première page. Dans un univers de déclassés où la débrouille le dispute à l'horreur du quotidien, vous aurez l'impression d'assister à la rencontre d'Holden Caulfield et de Lennie Small en découvrant l'histoire du narrateur et de son meilleur ami Kiki. Les détails de ce monde de merde, rouillé et déglingué, que ce soit l'activité de Kiki dans la ville des dentistes, la fabrication de rats empaillés à l'artisanale, les arbres et les algues géantes, la consommation d'alcool à 90°, les suicides quotidiens par chute des immeubles, etc, absolument tout est emprunt d'une violence parfois absurde qui ne peut laisser indifférent et pourra rebuter certains lecteurs. Nous sommes définitivement entre Les Saisons et Des souris et des hommes. Grosse claque qui ne vous laissera pas indemne.

Martin

"Ses deux poings, c’est tout son savoir-faire. Deux étoiles filantes en plein jour. Même pas le temps de faire un vœu tellement ça va vite. Direct uppercut crochet, peu importe, Kiki c’est un autodidacte, il a jamais étudié les classiques. Droite ou gauche, ça fait aussi mal des deux. Difficile de deviner qui va s’en prendre une, ça part au hasard. Jamais à la tête du client parce qu’il déteste personne en particulier. Pourtant il a l’œil. Il le sait, s’il tape droit devant lui, y’a rien à voir, le type part raide à la renverse comme un manche à balai. S’il cogne sur le côté, droit ou gauche on s’en fout, les dents giclent de la bouche comme un coup de fusil. La première fois, même lui a eu peur. Maintenant, il prévient pour que les gens autour s’écartent. Il veut pas les blesser. Pas comme ça en tout cas. Là forcément, ce ne sont pas les dents qui font le spectacle. Le type tourne sur lui-même, fait un pas sur le côté, deux trois autres en zigzag, un petit pas chassé, vacille, refait un pas en arrière et s’écroule sur lui-même les yeux complètement à la retourne. C’est pas tout le temps dans cet ordre mais y a toujours un peu de tout ça."

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